Voici un problème. C'est donc plus long et plus technique et transversal.
Question 1
Soit α et β deux nombres réels strictement positifs. On considère la fonction f définie sur R par : f(x)=α+βcos2(x)1
Etudier les variations de f. Montrer que la dérivée seconde f′′ s'annule une, et une seule, fois sur l'intervale [0;2π].
Correction
La fonction f est définie sur R par : f(x)=α+βcos2(x)1 On constate alors qu'elle est de classe C∞ sur R et qu'elle est paire. La présence du terme cos2(x) nous invite à vérifier sa périodicité. La présence du carré sur le cosinus nous laisse penser qu'elle peut-être de période π. Vérifions ceci. Soit x un réel. On a alors : f(x+π)=α+βcos2(x+π)1=α+β(−cos(x))21=α+β(cos(x))21=α+βcos2(x)1=f(x) Ainsi, effectivement, f est π−périodique. La conséquence de cette périodicité est qu'il est possible d'étudier les variations de f sur l'intervalle d'amplitude π, par exemple, [−2π;2π]. Puis, grace à sa parité, il est possible de réduire l'intervalle d'étude de moitié, à savoir étudier les variations de f uniquement sur l'intervalle [0;2π]. Donc : ∀x∈[0;2π],f′(x)=−(α+βcos2(x))2(α+βcos2(x))′=−(α+βcos2(x))2β(cos2(x))′=−(α+βcos2(x))22cos(x)β(cos(x))′ Soit : ∀x∈[0;2π],f′(x)=−(α+βcos2(x))22cos(x)β(−sin(x))=(α+βcos2(x))2β2cos(x)sin(x) Mais comme 2cos(x)sin(x)=sin(2x), on en déduit que finalement : Soit : ∀x∈[0;2π],f′(x)=(α+βcos2(x))2βsin(2x) Comme x∈[0;2π], cela nous permet d'en conclure que : ∀x∈[0;2π],f′(x)⩾0 Ainsi, sur l'intervalle [0;2π] la fonction f est croissante et évolue de f(0)=α+β1 à f(2π)=α1. De plus, on a f′(0)=f′(2π)=0, le théorème de Rolle nous assure de l'existance d'au moins un nombre réel c tel que c∈]0;2π[ et (f′)′(c)=f′′(c)=0. Afin de savoir si le nombre réel c est unique, étudions f′′. On a alors : f′′(x)=(f′(x))′=((α+βcos2(x))2βsin(2x))′=(α+βcos2(x))4(βsin(2x))′(α+βcos2(x))2−βsin(2x)((α+βcos2(x))2)′ Soit : f′′(x)=(α+βcos2(x))42βcos(2x)(α+βcos2(x))2−βsin(2x)2(α+βcos2(x))(α+βcos2(x))′ En simplifiant par le terme α+βcos2(x) on obtient : f′′(x)=(α+βcos2(x))32βcos(2x)(α+βcos2(x))−2βsin(2x)(α+βcos2(x))′ Or, on sait que : (α+βcos2(x))′=−2βcos(x)sin(x)=−βsin(2x) Donc : f′′(x)=(α+βcos2(x))32βcos(2x)(α+βcos2(x))+2β2sin2(2x) Soit encore : f′′(x)=(α+βcos2(x))32βcos(2x)(α+β(21+cos(2x)))+2β2(1−cos2(2x)) En développant : f′′(x)=(α+βcos2(x))32αβcos(2x)+2β2cos(2x)(21+cos(2x))+2β2−2β2cos2(2x) Et encore : f′′(x)=(α+βcos2(x))32αβcos(2x)+β2cos(2x)(1+cos(2x))+2β2−2β2cos2(2x) D'où : f′′(x)=(α+βcos2(x))32αβcos(2x)+β2cos(2x)+β2cos2(2x)+2β2−2β2cos2(2x) Donc : f′′(x)=(α+βcos2(x))3(2αβ+β2)cos(2x)+2β2−β2cos2(2x) Finalement : f′′(x)=(α+βcos2(x))3−β2cos2(2x)+β(2α+β)cos(2x)+2β2 Etudions le signe du numérateur, noté N, de f′′. Pour cela, posons X=cos(2x)∈[−1;1]. On a alors : N(X)=−β2X2+β(2α+β)X+2β2 Le discriminant Δ associé à ce trinôme est : Δ=(β(2α+β))2−4(−β2)2β2=β2(2α+β)2+8β4=β2(8β2+(2α+β)2) Par hypothèse, α et β sont deux nombres réels strictement positifs, donc Δ>0. Ainsi le numérateur N admet deux racines réelles distinctes que nous noterons X1 et X2. Leurs expressions sont : ⎩⎨⎧X1X2==−2β2−β(2α+β)+β2(8β2+(2α+β)2)−2β2−β(2α+β)−β2(8β2+(2α+β)2) Soit : ⎩⎨⎧X1X2==−2β2−β(2α+β)+β8β2+(2α+β)2−2β2−β(2α+β)−β8β2+(2α+β)2 Soit encore : ⎩⎨⎧X1X2==2β2α+β−8β2+(2α+β)22β2α+β+8β2+(2α+β)2 Donc, on constate que : ⎩⎨⎧X1X2<>01 Or, on a poser X=cos(2x)∈[−1;1], et de fait X2 est clairement impossible. Puis, on a : X1−(−1)=X1+1=2β2α+β−8β2+(2α+β)2+2β2β=2β2α+3β−8β2+(2α+β)2>0 En effet, 2β>0, donc il suffit d'étudier le signe du numérateur. Raisonnons par l'absurde. Pour cela, supposons donc que 2α+3β−8β2+(2α+β)2<0. Dans ce cas : 2α+3β<8β2+(2α+β)2⟹(2α+3β)2<8β2+(2α+β)2 En développant : 4α2+12αβ+9β2<8β2+4α2+4αβ+β2⟺8αβ<0 Mais, par hypothese, α et β sont deux nombres réels strictement positifs. Donc 8αβ ne peut être qu'une quantité positive. Donc, le fait d'aboutir à l'inégalité 8αβ<0 conduit à une contradiction (une absurdité). Ainsi, notre hypothèse initiale est fausse. On a donc : 2α+3β−8β2+(2α+β)2>0⟹X1−(−1)>0⟹X1>−1 Donc X1>−1. On en déduit que −1<X1<0 et donc que X1∈[−1;1]. Ains le numérateur N de f′′ ne s'annule qu'une seule fois. Dit autrement, la dérivée seconde f′′ s'annule une, et une seule, fois sur l'intervale [0;2π].
Question 2
Soit F la primitive de f qui s'annule en 0. Déterminer x⟶+∞limF(x).
Correction
La fonction F est définie par : F(x)=∫0xf(t)dt=∫0xα+βcos2(t)1dt Pour tout t réel, on sait que : −1⩽cos(t)⩽1⟺0⩽cos2(t)⩽1⟺0⩽βcos2(t)⩽β⟺α⩽α+βcos2(t)⩽α+β Donc, on en déduit que : α1⩾α+βcos2(t)1⩾α+β1⟺α1⩾f(t)⩾α+β1 Soit x un nombre réel strictement positif. Dans ce cas, on a : ∫0xα1dt⩾∫0xf(t)dt⩾∫0xα+β1dt⟺α1∫0x1dt⩾F(x)⩾α+β1∫0x1dt Soit, avec k1 et k2 deux constantes réelles : α1[t+k1]0x⩾F(x)⩾α+β1[t+k2]0x⟺α1(x+k1−0−k1)⩾F(x)⩾α+β1(x+k2−0−k2) Donc : α1x⩾F(x)⩾α+β1x Par passage à la limite lorsque x⟶+∞, on constate que : x⟶+∞limα1x=x⟶+∞limα+β1x=+∞ Le théorème de l'encadrement nous permet de conclure que, finalement, on a : x⟶+∞limF(x)=+∞
Question 3
Exprimer F sur [0;2π].
Correction
On cherche à exprimer : F(x)=∫0xf(t)dt=∫0xα+βcos2(t)1dtavec:x∈[0;2π] Commençons par chercher : ∫f(t)dt=∫α+βcos2(t)1dt En calculant f(t+π)d(t+π), on constate que : f(t+π)d(t+π)=α+βcos2(t+π)1d(t+π)=α+β(−cos(t))21dtd(t+π)dt=α+β(cos(t))211dt Soit : f(t+π)d(t+π)=f(t)dt Par application des règles de Bioche, on va poser le changement de variable u=tan(t). Ainsi : dtdu=dtd(tan(t))=cos2(t)1⟹du=cos2(t)1dt⟹dt=cos2(t)du Puis : ∫α+βcos2(t)1dt=∫α+βcos2(t)cos2(t)du=∫cos2(t)α+βcos2(t)1du=∫cos2(t)α+cos2(t)βcos2(t)1du Soit : ∫α+βcos2(t)1dt=∫cos2(t)α(cos2(t)+sin2(t))+β1du=∫α(cos2(t)cos2(t)+cos2(t)sin2(t))+β1du Donc : ∫α+βcos2(t)1dt=∫α(1+tan2(t))+β1du=∫α(1+u2)+β1du=∫αu2+α+β1du Soit encore : ∫α+βcos2(t)1dt=α1∫(αu)2+α+β1d(αu)=α1∫(αu)2+(α+β)21d(αu) Posons X=αu, dans ce cas, on obtient : ∫α+βcos2(t)1dt=α1∫X2+(α+β)21dX Lorsque la nombre réel a est strictement positif on a (avec K∈R) : ∫X2+a21dX=a1arctan(aX)+K Donc, comme α+β>0, on en déduit que : ∫α+βcos2(t)1dt=α1∫X2+(α+β)21dX=α1α+β1arctan(α+βX)+K Comme X=αu, on a alors : ∫α+βcos2(t)1dt=α(α+β)1arctan(α+βαu)+K Mais, nous avion initialement posé u=tan(t), donc : ∫α+βcos2(t)1dt=α(α+β)1arctan(α+βαtan(t))+K Que nous écrirons sous la forme équivalente : ∫α+βcos2(t)1dt=α(α+β)1arctan(α+βαtan(t))+K(K∈R) Ainsi : F(x)=∫0xα+βcos2(t)1dt(x∈[0;2π]) La valeur π est une valeur importante car tan(π)=tan(0)=0, et que arctan(0)=0. On a alors : F(x=π)=∫0πα+βcos2(t)1dt La fonction f:t⟼f(t)=α+βcos2(t)1 admet un axe de symétrie en t=2π car f(2π−t)=f(2π+t). En effet, on sait que cos(2π−t)=−cos(2π+t) et donc cos2(2π−t)=cos2(2π+t) et de fait on a automatiquement f(2π−t)=f(2π+t). Ainsi, on en déduit que : F(x=π)=∫0πα+βcos2(t)1dt=2∫02πα+βcos2(t)1dt=2F(2π) Donc, pour x⩾π, écrivons que : F(x)=∫0xα+βcos2(t)1dt=∫0πα+βcos2(t)1dt+∫πxα+βcos2(t)1dt=F(π)+∫πxα+βcos2(t)1dt Soit : F(x)=2F(2π)+∫πxα+βcos2(t)1dt Nous allons ramener, dans cette dernière intégrale, la borne inférieure à zéro. Pour cela, posons u=t−π. Dans ce cas on a : dtdu=dtd(t−π)=1⟹du=dt Puis, lorsque t=π on u=0, ensuite lorsque t=x on u=x−π. Donc : F(x)=2F(2π)+∫0x−πα+βcos2(t)1du De fait, cela nous donne : F(x)=2F(2π)+F(x−π) Et donc F est π−périodique. Il nous suffit d'exprimer F sur l'intervalle [0;π]. C'est donc la présence du terme tan(t) qui va nous guider selon l'expression trouvée précédemment : ∫α+βcos2(t)1dt=α(α+β)1arctan(α+βαtan(t))+K(K∈R) ∙Six∈[0;2π[alors: F(x)=[α(α+β)1arctan(α+βαtan(t))+K]0x Soit : F(x)=α(α+β)1arctan(α+βαtan(x))+K−α(α+β)1arctan(α+βαtan(0))−K Soit encore : F(x)=α(α+β)1arctan(α+βαtan(x))−α(α+β)1arctan(α+βα×0) D'où : F(x)=α(α+β)1arctan(α+βαtan(x))−α(α+β)1arctan(0) Donc : F(x)=α(α+β)1arctan(α+βαtan(x))−0 Finalement : F(x)=α(α+β)1arctan(α+βαtan(x)) ∙∙Six=2πalors: On peut écrire : F(2π)=x⟶2πlimF(x)=x⟶2πlimα(α+β)1arctan(α+βαtan(x)) Dans ce cas tan(x)⟶+∞ et de fait arctan(α+βαtan(x))⟶2π. Ce qui nous permet d'écrire que : F(2π)=x⟶2πlimF(x)=α(α+β)12π Finalement, on obtient :