Une très célèbre intégrale généralisée convergente.
Question 1
Il s'agit de montrer que l'intégrale de \textit{Gauss}, notée G, à pour valeur numérique : G=∫0∞e−x2dx=2π C'est lui le génie !
Carl Friedrich Gauss, est né le 30 avril 1777 à Brunswick, et était considéré par ses pairs comme le prince des mathématiciens. Il est à la fois le dernier des classiques, et le premier des modernes, c'est-à-dire qu'il a résolu les problèmes les plus classiques avec les méthodes les plus modernes. Par exemple, il démontra comment partager une tarte en 17 parts égales à l'aide des seuls règle et compas, ce qui était un problème ouvert depuis les grecs. Mieux, il démontra pour quels nombres ce partage en parts égales est possible. Gauss était un génie particulièrement précoce : à 5 ans, le maître demandait de calculer 1+2+...+100, et Gauss inscrivit immédiatement le résultat sur son ardoise : ce n'est pas qu'il fut un génial calculateur, mais il avait trouvé une formule générale pour calculer de telles sommes. A l'université, à 19 ans, il fut le premier à démontrer la loi de réciprocité quadratique, ce que ni Euler, ni Legendre n'avaient réussi. Au cours de sa vie, il en donnera huit preuves!!! Parmi ses autres prouesses, on peut citer la démonstration du théorème fondamental de l'algèbre, dans sa thèse de doctorat en 1799, l'invention de la théorie des congruences... Le génie de Gauss se manifesta dans d'autres domaines : on lui doit d'importants travaux en électricité, en optique, en théorie du potentiel. Ainsi, le "gauss" est devenu l'unité d'induction magnétique. Gauss acheva sa carrière de mathématicien en 1849, à l'occasion d'un jubilé en son honneur. Peu à peu, sa santé se détériore, et il meurt à Göttingen le 23 février 1855 pendant son sommeil.
Quelle est la nature de l'intégrale G ? Justifier.
Correction
L'intégrande e−x2 est une application continue sur R tout entier, donc de ce fait sur R+ : l'ntégrande ne présente pas de singularité sur le domaine d'intégration. Ainsi l'intégrale G n'est pas une intégrale impropre de deuxième espèce. En outre, la borne supérieure diverge vers +∞, ce qui implique que l'intégrale de GaussG est une intégrale impropre de première espèce.
Question 2
Démontrer que l'intégrale G est convergente.
Correction
On a : G=∫0∞e−x2dx=∫01e−x2dx+∫1∞e−x2dx Comme la fonction est continue sur R alors elle est localement intégrable et de fait l'intégrale entre 0 et 1 existe bien. On suppose maintenant que t⩾1. On a alors : t2⩾t Donc : −t2⩽−t Comme la fonction exponentielle est strictement croissante sur R alors elle y conserve l'ordre. De fait, on a : e−t2⩽e−t Or, on sait que l'intégrale x⟶+∞lim∫1xe−tdt est de nature convergente. De fait, par application du théorème de comparaison, on peut affirmer que l'intégrale x⟶+∞lim∫1xe−t2dt est elle même de nature convergente. Or, on sait que : x⟶+∞lim∫1xe−t2dt=∫1∞e−t2dt En conclusion l'intégrale G est convergente.
Question 3
On pose : GM=∫0Me−x2dx=∫0Me−y2dy(M∈R+⋆) Exprimer l'intégrale de GaussG en fonction de GM
Correction
On a : ∫0∞e−x2dx=M⟶+∞lim∫0Me−x2dx Ainsi on a : G=M⟶+∞limGM
Question 4
Exprimer l'intégrale (GM)2 en fonction de x et de y et M.
Correction
L'intégrale (GM)2 s'écrit : (GM)2=GM×GM=∫0Me−x2dx×∫0Me−y2dy=∫0M∫0Me−x2e−y2dxdy Soit : (GM)2=∫0M∫0Me−(x2+y2)dxdy
Question 5
En considérant la figure géométrique suivante :
Sur cette figure, OECA est un carré de côté M et son domaine est noté DM. On note par D1 le domaine circulaire OEA et par D2 le domaine circulaire ODB. Justifier que l'on puisse écrire que : ∬D1e−(x2+y2)dxdy⩽(GM)2⩽∬D2e−(x2+y2)dxdy
Correction
L'intégrale (double) (GM)2 est une intégrale de surface associée à l'intégrande e−(x2+y2) toujours strictement positive. Donc cette intégrale (GM)2=∫0M∫0Me−(x2+y2)dxdy représente le volume positif V(e−(x2+y2);OECA), présent sous la surface représentative de l'intégrande e−(x2+y2), et au dessus du domaine carré OECA du plan de base. Il est donc évident que plus la surface SD du domaine du plan D sur lequel on détermine le volume V(e−(x2+y2);SD) est grand plus la valeur du volume (donc de l'intégrale associée) l'est également. Or, d'après la figure proposée par le sujet, on constate immédiatement que : SD1⩽SOECA⩽SD2 Comme ∀(x;y)∈R2,e−(x2+y2)>0, cela implique immédiatement la double inégalité suivante : V(e−(x2+y2);SD1)⩽V(e−(x2+y2);OECA)⩽V(e−(x2+y2);SD2) Or, on peut écrire que : V(e−(x2+y2);SD1)=∬D1e−(x2+y2)dxdy et que V(e−(x2+y2);SD2)=∬D2e−(x2+y2)dxdy Donc, par interprétation géométrique de la double intégrale, on peut donc écrire : ∬D1e−(x2+y2)dxdy⩽(GM)2⩽∬D2e−(x2+y2)dxdy Ceci est bien confirmée par la représentation graphique de l'intégrande e−(x2+y2) qui permet de visualiser la proportionnalité du volume avec la surface du plan de base envisagée :
Question 6
Comme les deux domaines d'intégration D1 et D2 sont \textit{circulaires} ont va donc introduire les coordonnées polaires r et θ, bien mieux adaptées à cette configuration géométrique, afin de les paramétrer. On a alors l'élément de surface élémentaire du plan qui va s'écrire dS=dxdy=rdrdθ :
Justifier alors que la double inégalité précédente prenne maintenant la forme suivante : ∫θ=0θ=2π∫r=0r=Me−(r2)rdrdθ⩽(GM)2⩽∫θ=0θ=2π∫r=0r=M2e−(r2)rdrdθ
Correction
L'introduction des coordonnées polaires r et θ va facilité le calcul des intégrales. En effet, comme le montre la du sujet, on a : ∙ la grandeur r va de l'origine 0 à l'extrémité du domaine D1 ou D2 considéré. Ainsi pour D1, r:0⟶M. Et pour D2, r:0⟶M2. ∙∙ la variable angulaire θ démarre de 0 (sur l'axe Ox) pour s'arrêter à 2π (sur l'axe Oy) car les domaines D1 et D2 sont tous les deux des quarts de cercle. Puis, Le sujet nous apprend que la quantité dxdy est un élément de surface dS du plan de base, et qui se transforme en coordonnées polaires par l'expression dS=dxdy=rdrdθ Enfin, notons par P(x;y) un point appartenant au domaine D1 ou D2, et de coordonnées x et y définies par rapport à l'origine O. Par simple application du théorème de Pythagore, on constate immédiatement que : r2=x2+y2 Ceci est bien montré sur la figure suivante :
D'où la transformation suivante de l'écriture de la double inégalité précédente : ∫θ=0θ=2π∫r=0r=Me−r2rdrdθ⩽(GM)2⩽∫θ=0θ=2π∫r=0r=M2e−r2rdrdθ
Question 7
Démontrer que l'on a : 4π(1−e−M2)⩽(GM)2⩽4π(1−e−2M2)
Correction
On constate que l'évolution angulaire est indépendante de l'évolution radiale (car l'intégrande e−r2 ne dépend pas de θ), donc de ce fait, il est possible de séparer explicitement les deux intégrales radiales et angulaires. Donc on a : ∫θ=0θ=2πdθ∫r=0r=Me−r2rdr⩽(GM)2⩽∫θ=0θ=2πdθ∫r=0r=M2e−r2rdr Avec ∫θ=0θ=2πdθ=2π, on trouve que : 2π∫r=0r=Me−r2rdr⩽(GM)2⩽2π∫r=0r=M2e−r2rdr Puis, on peut, par jeu d'écriture, écrire que : −4π∫r=0r=M(−2r)e−r2dr⩽(GM)2⩽−4π∫r=0r=M2(−2r)e−r2dr Or, (−2r)=(−r2)′. Donc, on obtient : −4π∫r=0r=M(−r2)′e−r2dr⩽(GM)2⩽−4π∫r=0r=M2(−r2)′e−r2dr Puis, inversons les bornes d'intégrations afin d'éliminer les signes −. Dès lors, on trouve que : 4π∫r=Mr=0(−r2)′e−r2dr⩽(GM)2⩽4π∫r=M2r=0(−r2)′e−r2dr L'intégration devient alors directe, et on obtient : 4π[e−r2]r=Mr=0⩽(GM)2⩽4π[e−r2]r=M2r=0 Avec e0=1, on trouve bien la double inégalité demandée, à savoir : 4π(1−e−M2)⩽(GM)2⩽4π(1−e−2M2)
Question 8
En déduire, en justifiant clairement, la valeur de l'intégrale de GaussG.
Correction
Utilisons le theˊoreˋme de l’encadrement (parfois encore appelé théorème des gendarmes ou théorème du sandwich). On a alors : M⟶+∞lim(1−e−M2)=M⟶+∞lim(1−e−2M2)=1−0=1 Ce qui implique directement que M⟶+∞lim(GM)2=4π⟺(M⟶+∞limGM)2=4π⟺(M⟶+∞limGM)2=(2π)2 Soit : M⟶+∞limGM=±2π Comme l'intégrande est positif, seule la possibilité positive est à retenir, et on a : M⟶+∞limGM=2π Finalement, on trouve que la valeur de l'intégrale de GaussG est : G=2π
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