Dérivation et Calcul différentiel

Autour du théorème de Rolle - Exercice 2

30 min
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Un usage classique du théorème de RolleRolle.
Question 1

Soit ff une fonction dérivable sur un intervalle ouvert en II. Soit nn un nombre entier naturel non nul.
Montrer que si ff s'annule en nn point de II, alors la dérivée ff' s'annule en au moins n1n-1 point de II.

Correction
Notons par r1r_1, r2r_2, \cdots, rnr_n les nn zéros de ff, tel que r1<r2<<rnr_1 < r_2 < \cdots < r_n.
Soit k[ ⁣[1;n1] ⁣]k \in [\![ 1 \,;\, n-1 ]\!]. On note par IkI_k l'intervalle [rk;rk+1][r_k \,;\, r_{k+1}].
La fonction ff est dérivable sur IkI_k avec f(rk)=f(rk+1)=0f(r_k) = f(r_{k+1}) = 0 ainsi le théorème de RolleRolle assure l'existence d'un nombre réel ckc_k, avec ck]rk;rk+1[c_k \in ]r_k \,;\, r_{k+1}[, tel que f(ck)=0f'(c_k) = 0.
On a donc trouvé, au moins, n1n-1 zéros à la dérivée ff', à savoir, les nombres réels ckc_k, avec k[ ⁣[1;n1] ⁣]k \in [\![ 1 \,;\, n-1 ]\!].
Question 2

Soit PP une fonction polynôme. Montrer que l'équation P(x)=exP(x) = e^x n'admet qu'un nombre fini de racines.

Correction
Soit ϕ\phi la fonction suivante : ϕ:xexP(x)\phi : x \longmapsto e^x - P(x).
Donc ex=P(x)e^x = P(x) est équivalent à ϕ(x)=0\phi(x) = 0.
On constate que ϕ\phi est de classe CC^\infty sur R\mathbb{R}.
Nous cherchons à démontrer que l'équation P(x)=exP(x) = e^x n'admet qu'un nombre fini de racines, cela revient à démontrer que ϕ\phi admet un nombre fini de zéros. Nous allons effectuer unraisonnementparlabsurde{\color{blue}{\bf{un \,\, raisonnement \,\, par \,\, l'absurde}}}. Pour cela, nous allons donc supposer que lafonction{\color{blue}{\bf{la \,\, fonction }}} ϕ{\color{blue}{\phi}} admetuneinfiniteˊdezeˊros{\color{blue}{\bf{admet \,\, une \,\, infinité \,\, de \,\, zéros}}}. Dans ce cas, le résultat de la question précédente nous permet d'affirmer (puisque ϕ\phi est de classe CC^\infty sur R\mathbb{R}) que toutes les dérivées successives de ϕ\phi admettent une infinité de zéros. Si on dérive plus de fois que le degré de PP alors sa dérivée devient nulle. Donc, soit N=deg(P)N = \deg(P) et n0>Nn_0 > N. Dans ce cas, la dérivée P(n0)P^{(n_0)} est nulle. De fait, ϕ(n0)(x)=ex>0\phi^{(n_0)}(x) = e^x > 0. Autrement dit ϕ(n0)\phi^{(n_0)} ne s'annule jamais sur R\mathbb{R}. Ceci est en contradiction avec la supposition initiale, donc absurde. Ainsi la supposition initiale est fausse. Finalement, on peut dire que la fonction ϕ\phi admet un nombre fini de zéros. Et donc, de façon équivalente, l'équation ex=P(x)e^x = P(x) admet un nombre fini de solution.
Question 3

Soit pp un nombre entier naturel. Soit aa et bb deux nombres réels.
Quel est le nombre maximal de racines réelles de l'équation xp+ax+b=0x^p + ax + b = 0 ?

Correction
Soit uu la fonction suivante : u:xxp+ax+bu : x \longmapsto x^p + ax + b.
On constate que uu est de classe CC^\infty sur R\mathbb{R}.
Soit nn le nombre de zéros de uu.
Dans ce cas, le résultat de la première question nous permet d'affirmer que la fonction dérivée uu' admet au moins n1n-1 zéros et que la fonction dérivée seconde uu'' admet au moins n2n-2 zéros.
Or, u(x)=pxp1+au'(x) = px^{p-1} + a et u(x)=p(p1)xp2u''(x) = p(p-1)x^{p-2}. On constate alors que uu'' n'admet qu'un seul zéro. D'où l'inégalité (en vertu du terme "au moins") :
1n21+2n3n1 \geqslant n-2 \,\,\, \Longleftrightarrow \,\,\, 1 + 2 \geqslant n \,\,\, \Longleftrightarrow \,\,\, 3 \geqslant n.
On a donc montré que l'équation xp+ax+b=0x^p + ax + b = 0 admet, au plus, trois racines réelles.