On note par i le nombre complexe tel que i2=−1. 1−Seˊriestrigonomeˊtriques 1.1Deˊfinition−seˊriestrigonomeˊtriques On appelle série trigonométrique, à valeurs dans R ou C, une série de fonctions d'une variable réelle x de la forme : a0+n=1∑+∞ancos(nx)+bnsin(nx) Et (an∈N) et (bn∈N) sont des suites de nombres réels ou complexes. On a les propriétés suivantes : - si une série trigonométrique est convergente, alors sa somme est une fonction 2π-périodique ; - si a1 ou b1 n'est pas nul alors la plus petite période de la fonction définie par la somme d'une série trigonométrique convergente est 2π ; - si tous les coefficients an sont nuls, alors la somme d'une série trigonométrique convergente est une fonction paire ; - si tous les coefficients bn sont nuls, alors la somme d'une série trigonométrique convergente est une fonction impaire ; - Il existe une forme complexe équivalente : n=0∑+∞ancos(nx)+bnsin(nx)=n=−∞∑+∞cneinx avec c0=a0 et pour n∈N⋆, on a d'une part cn=21(an−ibn), et d'autre part c−n=21(an+ibn) On peut donc, facilement, passer d'une formulation réelle à une formulation complexe et inversement. En effet, on a a0=c0 mis également : an=cn+c−netbn=i(cn−c−n) 2−SeˊriesdeFourier 2.1Deˊfinition−seˊriesdeFourier Soit f une fonction d'une variable réelle à valeur réelles ou complexes, qui est 2π- périodique et continues par morceaux. On appelle coefficientsdeFouriertrigonomeˊtriques de f les nombres, réels ou complexes suivants : ∀n∈n,an=π1∫02πf(x)cos(nx)dxetbn=π1∫02πf(x)sin(nx)dx On appelle coefficientsdeFourierexponentiels de f les nombres complexes suivants : ∀n∈Z,cn=2π1∫02πf(x)e−inxdx On appelle seˊriedeFouriertrigonomeˊtriques de f la série de fonction suivante : 2a0+n=1∑+∞ancos(nx)+bnsin(nx) - Remarque 1 : les fonctions intégrées étant 2π-périodique, il est possible de remplacer l'intervalle d'intégration [0;2π] par n'importe quel autre intervalle de longueur 2π. Dans la cas d'une fonction f paire ou impaire il peut être judicieux de faire usage de l'intervalle d'intégration [−π;π]. - Remarque 2 : La série de Fourier peut également s'écrire avec les coefficient cn et son expression est n=−∞∑+∞cneinx. - Remarque 3 : Les diverses hypothèses faites sur la fonction f impliquent que la série de Fourier existe bien. Néanmoins sa convergence c'est pas assurée et de plus rien n'assure que la somme associée soit égale à f. Theˊoreˋme1−proprieˊteˊsdescoefficientsdeFourier Soit f une fonction continue et définie sur R et à valeurs dans R ou C, 2π-périodique et de classe C1 par morceaux. On désigne par f′ la fonction dérivée première associée. On a alors : an(f′)=n×bn(f)etbn(f′)=−n×an(f) Puis : cn(f′)=in×cn(f) On déduit de ce théorème que si une fonction f est de classe C1 par morceaux, ces coefficients de Fourier tendent vers 0 lorsque n tend vers l'infini. ↬ Remarque : Si f est 2π-périodique et de classe Ck alors ses coefficients de Fourier sont des o(nk1). En effet, si f est 2π-périodique et de classe C1 alors on a l'intégration ci-dessous : cn(f′)=2π1∫02πf′(x)e−inxdx En faisant usage de la méthode de l'intégration par parties, on obtient : cn(f′)=2π1[f(x)e−inx]02π−2π1(−in)∫02πf(x)e−inxdx Soit : cn(f′)=2π1[f(x)e−inx]02π+incn(f) Comme f est 2π-périodique, on en déduit que [f(x)e−inx]02π=0. Ainsi : cn(f′)=incn(f) Puis, par récurrence, avec k∈N⋆, on obtient directement : cn(f(k))=(in)kcn(f) Ce qui implique que : cn(f)=nk1×ik1cn(f(k)) Or, lorsque ∣n∣⟶+∞ on a cn(f(k))⟶0. Ceci permet de conclure que cn(f)=o(nk1). Theˊoreˋme2−premiertheˊoreˋmedeDirichlet Soit f une fonction numérique 2π-périodique d'une variable réelle et à valeurs réelles ou complexes. Si cette fonction est C1 par morceaux alors la série de Fourier est simplement convergente sur R et sa somme est égale, en x, à la demi-somme des limites à gauche et à droite de x. Cette demi-somme s'appelle la régularisée de f en x et se note parfois f⋆(x). On a donc : ∀x∈R,n=−∞∑+∞cneinx=21(f(x−)+f(x+))=f⋆(x) Et : ∀n∈Z,cn=2π1∫02πf(x)e−inxdx Et bien évidemment, on a de manière équivalente : ∀x∈R,2a0+n=1∑+∞ancos(nx)+bnsin(nx)=21(f(x−)+f(x+)) Et : ∀n∈n,an=π1∫02πf(x)cos(nx)dx ainsi que ∀n∈n,bn=π1∫02πf(x)sin(nx)dx 3−ConditionsdeDirichlet On dit qu'une fonction f définie sur R et à valeur réelles ou complexes vérifie les conditions du mathématicien prusse Johann Peter Gustav Lejeune Dirichlet (1805 - 1859) si les trois conditions suivantes sont satisfaites simultanément : - la fonction f est 2π-périodique ; - la fonction f est C0 (c'est à dire continue) par morceaux ; - la valeur de f en tout point est égale à la régularisée 21(f(x−)+f(x+)). L'ensemble des fonctions qui vérifient les conditions de Dirichlet est un sous-espace vectoriel de l'espace vectoriel des fonctions numériques univariées définies sur R ou C ; ou celui des fonctions numériques univariées 2π-périodique. Cet ensemble se note par D. Theˊoreˋme3−secondtheˊoreˋmedeDirichlet La série de Fourier de toute fonction f appartenant à l'ensemble D qui est de classe C1 par morceaux est, sur R, simplement convergente. 4−L′espacevectorieldeDirichlet On définit sur l'ensemble D une forme bilinéaire de la manière suivante : <f,g>=2π1∫02πf(x)×g(x)dx Theˊoreˋme4−ensembledeDirichlet L'ensemble D munie de la forme bilinéaire <,> est un espace pré-hilbertient (complexe) On désigne par (en)n∈Z la famille des éléments de l'ensemble de Dirichlet D qui sont définis par : ∀n∈Z,∀x∈R,en(x)=einx Et on a les deux propriétés suivantes : - la famille (en)n∈Z est une famille orthonormale de l'espace (D,<,>) ; - pour tout nombre entier naturel n, le coefficient de Fourier cn d'une fonction f de D est égal au produit hermitien <en,f>. Theˊoreˋme5−convergencenormale Soit f une fonction numérique univariée de R dans R ou C, 2π-périodique, continue sur R et de classe C1 par morceaux. Dans ce cas la série de Fourier de la fonction f converge normalement, sur R, vers f. Theˊoreˋme6−ineˊgaliteˊdeBessel Si la famille (en)n∈Z est une famille orthonormale d'un espace pré-hilbertien (E,<,>) quelconque alors, pour x∈E on a l'inégalité, dite de Bessel, suivante : n∈N∑∣∣<x,en>∣∣2⩽∣∣x∣∣2 En appliquant cette inégalité à l'espace (D,<,>) aux cas des deux suites (an∈N) et (bn∈N) des coefficient de Fourier de f∈D alors les deux séries numériques n=0∑+∞∣an∣2 et n=0∑+∞∣an∣2 sont convergentes. Lorsque l'espace pré-hilbertien est (D,<,>) il existe le théorème mathématicien français Marc-Antoine Parseval des Chênes (1755-1836) qui est plus puissant que l'inégalité de Bessel : ce n'est plus une inégalité mais une égalité. Theˊoreˋme7−formuledeParseval Pour toute fonction f∈D on a l'égalité suivante : π1∫02π∣f(x)∣2dx=2n=−∞∑+∞∣cn∣2 Et : π1∫02π∣f(x)∣2dx=2∣a0∣2+n=1∑+∞(∣an∣2+∣bn∣2) ↬ Remarque : Soit L un nombre réel strictement positif. Dans le cas des fonctions 2L-périodique on a les définitions suivantes des coefficient de Fourier : an=L1∫02Lf(x)cos(Lnπx)dx bn=L1∫02Lf(x)sin(Lnπx)dx cn=2L1∫02Lf(x)e−iLnπxdx On rappelle qu'une fonction numérique univariée f définie sur un ensemble I⊂R est déclarée de période T∈R⋆, ou T-périodique, si elle vérifie : ∀x∈I,x+T∈I,f(x+T)=f(x) Lorsqu'une fonction est périodique, son graphe reproduit de façon répétitive n’importe quelle portion particulière de longueur égale à une période : c'est une propriété d'invariance par translation. La série de Fourier associée à f, c'est-à-dire le développement trigonométrique ou exponentielle est couramment désigné par SFf(x).
Question 1
Pour bien débuter.
Soit la fonction numérique f, 2π-périodique, dont l'image est, sur l'intervalle [−π;π], donnée par l'expression f(x)=x2. Déterminer l'expression de sa série de Fourier.
Correction
La fonction considérer satisfait aux condition de Dirichlet et de fait elle admet un développement en série de Fourier convergent vers la régularisée associée. Cette fonction est paire. De fait les coefficients trigonométriques bn sont tous nuls. On a : a0=π1∫−ππx2dx=π1[3x3]−ππ=3π1[x3]−ππ=3π1(π3−(−π)3)=3π1(π3+π3)=3π2π3=32π2 Donc : 2a0=3π2 De plus, ∀n∈N⋆, on a avec une première intégration par parties : an=π1∫−ππx2cos(nx)dx=[x2nπ1sin(nx)]−ππ−π1∫−ππ2xn1sin(nx)dx Comme sin(±nπ)=0 on obtient : an=−nπ2∫−ππxsin(nx)dx Nous allons maintenant effectuer une seconde intégration par parties : −2nπan=∫−ππxsin(nx)dx=[−xn1cos(nx)]−ππ−∫−ππ1×(−n1cos(nx))dx Soit : 2nπan=n1[xcos(nx)]−ππ−n1∫−ππcos(nx)dx Soit encore : 2n2πan=[xcos(nx)]−ππ−∫−ππcos(nx)dx Avec : [xcos(nx)]−ππ=πcos(nπ)−(−π)cos(−nπ)=πcos(nπ)+πcos(−nπ) Or la fonction cosinus est paire, donc cos(−nπ)=cos(nπ). D'où : [xcos(nx)]−ππ=πcos(nπ)+πcos(nπ)=2πcos(nπ) De plus : ∀n∈N⋆,cos(nπ)=(−1)n Ainsi : [xcos(nx)]−ππ=2π(−1)n Puis : ∫−ππcos(nx)dx=2∫0πcos(nx)dx=2[n1sin(nx)]0π=n2[sin(nx)]0π=n2(sin(nπ)−sin(0))=n2(0−0)=0 Ceci nous permet d'écrire que : 2n2πan=2π(−1)n−0 Soit : 2n2an=2(−1)n Donc : ∀n∈N⋆,an=4n2(−1)n Ceci nous permet d'écrire le développement suivant : x2=3π2+n=1∑+∞4n2(−1)ncos(nx) Finalement, comme la régularisée f⋆ est égale à la fonction f (de part sa continuité), on obtient : x2=3π2+4n=1∑+∞n2(−1)ncos(nx) Pour visualiser la puissance de ce résultats, voici le graphe de la fonction f étudiée :
Puis, voici la représentation des graphes de la fonction f étudiée et des deux sommes partielles 3π2+n=1∑n=504n2(−1)ncos(nx) et 3π2+n=1∑n=1004n2(−1)ncos(nx) :
On constate bien que la méthodes des séries de Fourier est très performante.
Question 2
En déduire la valeur numérique de la célèbre série numérique de Mengoli, à savoir n=1∑+∞n21, ou d'Euler relative au problème de Bâle.
Correction
Nous venons de démontrer que : ∀x∈R,x2=3π2+4n=1∑+∞n2(−1)ncos(nx) Plaçons nous en x=π. On a alors : π2=3π2+4n=1∑+∞n2(−1)ncos(nπ) On sait que cos(nπ)=(−1)n. Donc : π2=3π2+4n=1∑+∞n2(−1)n(−1)n Soit : π2=3π2+4n=1∑+∞n2((−1)n)2 Soit encore : π2−3π2=4n=1∑+∞n21 Ceci nous donne donc : 32π2=4n=1∑+∞n21 En simplifiant par 2 on obtient : 3π2=2n=1∑+∞n21 Donc : 3×2π2=n=1∑+∞n21 Finalement : n=1∑+∞n21=6π2
Question 3
Soit la fonction numérique f, 2π-périodique, dont l'image est, sur l'intervalle ]−π;π[, donnée par l'expression f(x)=x. Déterminer l'expression de sa série de Fourier.
Correction
la fonction g:x⟼x2 permet d'envisager l'opération de dérivation. Ainsi, le développement en série de Fourier de f:x⟼21g′ sera accessible par la dérivation directe du développement en série de Fourier de l'expression fonctionnelle g(x)=x2. On a alors : x=21(x2)′ Soit : x=21(3π2+4n=1∑+∞n2(−1)ncos(nx))′ Soit encore : x=21(3π2)′+214(n=1∑+∞n2(−1)ncos(nx))′ La dérivation s'effectuant par rapport à la variable x, nous pouvons écrire que : x=21(3π2)′+2n=1∑+∞n2(−1)n(cos(nx))′ Avec (3π2)′=0 et (cos(nx))′=−nsin(nx) Ce qui nous donne : x=0−2n=1∑+∞n2(−1)nnsin(nx) Nous allons donc écrire ceci comme : x=2n=1∑+∞n2(−1)1(−1)nnsin(nx) En simplifiant par n, non nul, on obtient : x=2n=1∑+∞n(−1)1(−1)nsin(nx) Enfin, on sait que (−1)1(−1)n=(−1)n+1. Ce qui finalement nous donne : x=2n=1∑+∞n(−1)n+1sin(nx) ∙Remarque : le pheˊnomeˋne de Gibbs La fonction f présente, sur R, des discontinuités. Il est intéressant d'observer le comportement des sommes partielles au voisinages des discontinuités. La fonction étudiée est le "célèbre signal dents de scie" dont le graphe est le suivant :
Voici le graphe représentatif de la somme partielle 2n=1∑n=10n(−1)n+1sin(nx)
Voici le graphe représentatif de la somme partielle 2n=1∑n=50n(−1)n+1sin(nx)
Voici le graphe représentatif de la somme partielle 2n=1∑n=100n(−1)n+1sin(nx)
Voici le graphe représentatif de la somme partielle 2n=1∑n=500n(−1)n+1sin(nx)
Voici le graphe représentatif de la somme partielle 2n=1∑n=5000n(−1)n+1sin(nx)
On constate que les comportements particuliers, qui peuvent s'assimiler à une déformation du signal, qui se produisent aux discontinuités se "régularisent" lorsque l'ordre de la somme partielle augmente. Ce comportement est connu sous le nom de phénomène de Gibbs. Ce phénomène est un effet de bord qui se produit à la proximité d'une discontinuité, lors de l'analyse d'une fonction qui est dérivable par morceaux.
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