En physique, un milieu semi-infini est un milieu hypothétique occupant tout un demi-espace, c'est-à-dire s'étendant à l'infini dans les trois directions mais d'un seul côté d'un plan. Dans un repère orthonormé, il est par exemple défini par x quelconque, y quelconque et z>0 (ou z≥0). En général ses propriétés sont supposées ne pas dépendre de x et y. L'hypothèse d'un milieu semi-infini est une hypothèse simplificatrice utilisée pour la mise en équation et la simulation numérique de nombreux problèmes physiques. Il s'agit en réalité de faire l'hypothèse que les dimensions du milieu en question sont suffisamment grandes pour que les bords autres que le plan z=0 n'aient aucune incidence pratique sur le système. La face x=0 d'un milieu conducteur semi-infini à une dimension, initialement à la température nulle, est portée à une température donnée ∀t⩾0 par f(t). Ce milieu semi-infini est représenté par le schéma suivant :
Les plans x=k∈R+ sont donc des lieux de points isothermes, dont la température sera notée y(x;t). Ces dernières sont les solutions d'un problème thermique modélisé par l'équation de la chaleur suivante : ∀(x;t)∈R+2,∂t∂y(x;t)=a2∂x2∂2y(x;t) Dans cette relation a∈R+⋆. Et on associe, à cette équation, les conditions suivantes : ∀(x;t)∈R+2,{y(x;t=0)y(x=0;t)==0f(t) Pour t⩾0, on adoptera les écritures suivantes : F(p)=L(f(t))etY(x;p)=L(y(x;t)) En outre, pour t⩾0, on admettra la transformation (issue de l'Analyse Complexe) : L(4πa2t3xe−4a2tx2)=e−axp
Question 1
Partie 1 : Recherche de la solution geˊneˊrale
Soient (A;B)∈C2. Démontrer que l'on a la solution mathématique suivante : Y(x;p)=Ae−axp+Beaxp
Correction
On a l'équation suivante : ∂t∂y(x;t)=a2∂x2∂2y(x;t)⟹L(∂t∂y(x;t))=L(a2∂x2∂2y(x;t)) Soit : L(∂t∂y(x;t))=a2L(∂x2∂2y(x;t))⟺L(∂t∂y(x;t))=a2∂x2∂2L(y(x;t)) D'où : pY(x;p)−y(x;0+)=a2∂x2∂2Y(x;p) Or, par hypothèse, on sait que y(x;0+)=0, ce qui nous permet d'écrire : pY(x;p)=a2∂x2∂2Y(x;p)⟺∂x2∂2Y(x;p)−(ap)2Y(x;p)=0 L'équation caractéristique s'écrit : r2−(ap)2=0⟺r2=(ap)2⟺r=±ap Ainsi, avec (A;B)∈C2, on a la solution mathématique suivante : Y(x;p)=Ae−axp+Beaxp
Question 2
Montrer que, pour être physiquement acceptable, la solution précédente doit prendre la forme suivante : Y(x;p)=F(p)e−axp
Correction
Lorsque x⟶+∞, on a eaxp⟶+∞. Cependant cela n'est physiquement pas possible car les quantités physiques doivent rester bornées. Ceci impose nécessairement que B=0. La solution précédente est alors de la forme suivante : Y(x;p)=Ae−axp Cette solution doit être vérifiée pour toute valeur de x, et donc pour 0 également. On a alors : Y(x=0;p)=Ae−a0p⟺Y(0;p)=A Or, si x=0, on doit également avoir : y(0;t)=f(t)L⟹Y(0;p)=F(p) Ce qui implique que : A=F(p) Ce qui nous permet de conclure que la solution, physiquement acceptable, est donnée par : Y(x;p)=F(p)e−axp
Question 3
Le milieu semi-infini est un filtre linéaire dont la température interne y(x;t) est la réponse à l'excitation f(t). Sa reˊponse impulsionnelle est F(t)=L−1(F(p)=e−axp). Démontrer alors que : ∀t⩾0,y(x;t)=4πa2x∫0tf(t−u)u23e−4a2ux2du
Correction
On a : y(x;t)=L−1(Y(x;p))⟺y(x;t)=L−1(F(p)e−axp) Ce qui nous permet d'écrire que : y(x;t)=(f⊛L−1(e−axp))(t) Soit encore : y(x;t)=∫0+∞f(t−u)4πa2u3xe−4a2ux2du En sortant le terme constant 4πa2x, vis-à-vis de la variable u, on obtient : ∀t⩾0,y(x;t)=4πa2x∫0+∞f(t−u)u23e−4a2ux2du Cependant, le phénomène étudié se produit sur la plage temporelle [0;t], avec t⟶+∞ pour le physicien. C'est pourquoi on peut écrire que : ∀t⩾0,y(x;t)=4πa2x∫0tf(t−u)u23e−4a2ux2du
Question 4
Par un changement de variable adéquat ξ=h(u) que vous préciserez (vous exprimerez clairement dξ mais également les bornes associées à ξ), montrer que : ∀t⩾0,y(x;t)=π2∫4a2tx+∞f(t−4a2ξ2x2)e−ξ2dξ
Correction
Effectuons le changement de variable suivant : ξ=h(u)=4a2ux⟹dξ=−4axu23du En ce qui concerne les bornes d'intégration, lorsque u⟶0 on a ξ⟶+∞ et la borne correspondante à u=t devient ξ=4a2tx. On a alors : ξ:+∞⟼4a2tx On en déduit alors que : u=4a2ξ2x2etu23du=−x4adξ On va donc pouvoir écrire que : ∀t⩾0,y(x;t)=−x4a4πa2x∫+∞4a2txf(t−4a2ξ2x2)e−ξ2dξ En simplifiant et en renversant l'ordre des bornes d'intégration, on obtient bien : ∀t⩾0,y(x;t)=π2∫4a2tx+∞f(t−4a2ξ2x2)e−ξ2dξ
Question 5
Partie 2 : Cas de l’excitation cosinusoı¨dale On pose dans cette \textsc{Partie} 2 que : f(t)=T0cos(ωt)avec:⎩⎨⎧T0ωt∈∈∈RR+⋆R+ Ce type de fonction permet de modéliser simplement la pénétration, sur différentes échelles de temps, des ondes thermiques dans les sols. On notera par i∈C le nombre complexe imaginaire, tel que i2=−1. On rappelle que, si α∈C tel que ℜeˊ(α)>0, alors on a la relation suivante : I=∫0+∞e−(ξ−ξα)2dξ=X⟶+∞lim∫0Xe−(ξ−ξα)2dξ=2π On rappelle également que, ∀(a;b)∈R2, l'intégrale de la partie réelle de f est égale à la partie réelle de l'intégrale de f : ℜeˊ(∫abf)=∫abℜeˊ(f)
Démontrer que : y(x;t)=π2T0ℜeˊ(∫0+∞eiω(t−4a2ξ2x2)e−ξ2dξ)−π2T0∫04a2txcos[ω(t−4a2ξ2x2)]e−ξ2dξ
Correction
On a : ∀t⩾0,y(x;t)=π2∫4a2tx+∞T0cos(ω(t−4a2ξ2x2))e−ξ2dξ Soit encore : y(x;t)=π2T0∫4a2tx+∞cos(ω(t−4a2ξ2x2))e−ξ2dξ Ce que nous pouvons encore écrire, vis-à-vis des bornes d'intégration, comme : y(x;t)=π2T0∫0+∞cos(ω(t−4a2ξ2x2))e−ξ2dξ−π2T0∫04a2txcos(ω(t−4a2ξ2x2))e−ξ2dξ Soit encore : y(x;t)=π2T0∫0+∞ℜeˊ(eiω(t−4a2ξ2x2))e−ξ2dξ−π2T0∫04a2txcos(ω(t−4a2ξ2x2))e−ξ2dξ Ce qui vas encore s'écrire sous la forme : y(x;t)=π2T0ℜeˊ(∫0+∞eiω(t−4a2ξ2x2)e−ξ2dξ)−π2T0∫04a2txcos(ω(t−4a2ξ2x2))e−ξ2dξ
Question 6
Montrer que : t⟶+∞lim∫04a2txcos[ω(t−4a2ξ2x2)]e−ξ2dξ=0
Correction
Pour chaque valeur de t, le terme cos[ω(t−4a2ξ2x2)] est majoré par 1 : cos[ω(t−4a2ξ2x2)]⩽1 Ainsi, on a : t⟶+∞lim∫04a2txcos[ω(t−4a2ξ2x2)]e−ξ2dξ⩽t⟶+∞lim∫04a2txe−ξ2dξ De plus, on a : t⟶+∞lim4a2tx=0 Donc, on peut écrire que : t⟶+∞lim∫04a2txcos[ω(t−4a2ξ2x2)]e−ξ2dξ⩽X⟶0lim∫0Xe−ξ2dξ Ce qui nous permet d'écrire que : t⟶+∞lim∫04a2txcos[ω(t−4a2ξ2x2)]e−ξ2dξ⩽∫00e−ξ2dξ=0 Finalement, on en déduit que : t⟶+∞lim∫04a2txcos[ω(t−4a2ξ2x2)]e−ξ2dξ=0
Question 7
Pour des temps suffisamment grands vis-à-vis d'un temps caractéristique du processus de propagation, le physicien vas toujours neˊgliger cette seconde inteˊgrale (qui représente un état thermique transitoire). Sous cette hypothèse, démontrer que : y(x;t)≃π2T0ℜeˊ(eiωte−(1+i)x2a2ω∫0∞e−(ξ−ξα)2dξ) Où α est un nombre complexe dont vous préciserez l'expression.
Correction
Soit l'hypothèse proposée, on a alors : y(x;t)≃π2T0ℜeˊ(∫0+∞eiω(t−4a2ξ2x2)e−ξ2dξ) Soit : y(x;t)≃π2T0ℜeˊ(∫0+∞e(iωt−i4a2ξ2ωx2)e−ξ2dξ) Soit encore : y(x;t)≃π2T0ℜeˊ(∫0+∞eiωte−i4a2ξ2ωx2e−ξ2dξ) Ainsi, on obtient : y(x;t)≃π2T0ℜeˊ(eiωt∫0+∞e−i4a2ξ2ωx2e−ξ2dξ) On peut donc écrire ceci comme : y(x;t)≃π2T0ℜeˊ(eiωt∫0+∞e−(ξ2+i4a2ξ2ωx2)dξ) Mais, l'exponentielle présente dans cette intégrale peut également s'écrire comme : e−(ξ2+i4a2ξ2ωx2)=e−(ξ2+iξ2(2axω)2)=e−(ξ2+ξ2(2axiω)2) Posons maintenant : α=2axiω∈Cavec:ℜeˊ(α)>0 Ainsi, on obtient : e−(ξ2+i4a2ξ2ωx2)=e−(ξ2+ξ2α2)=e−(ξ2+(ξα)2)=e−(ξ2−2ξξα+(ξα)2+2ξξα) Ou encore en faisant usage d'une identité remarquable pour factoriser : e−(ξ2+i4a2ξ2ωx2)=e−((ξ−ξα)2+2α)=e−(ξ−ξα)2e−2α=e−(ξ−ξα)2e−axiω Puis, on a : i=i21=(ei2π)21=ei4π=cos(4π)+isin(4π)=22+i22=21(1+i) Ce qui nous permet d'écrire que : e−(ξ2+i4a2ξ2ωx2)=e−(ξ−ξα)2e−(1+i)a2xω=e−(ξ−ξα)2e−(1+i)xa22ω Ce qui nous permet d'écrire que : e−(ξ2+i4a2ξ2ωx2)=e−(ξ−ξα)2e−(1+i)x2a2ω La température recherchée y(x;t) prend alors la forme suivante : y(x;t)≃π2T0ℜeˊ(eiωt∫0+∞e−(ξ−ξα)2e−(1+i)x2a2ωdξ) En sortant de l'intégrale le terme e−(1+i)x2a2ω, on trouve que : y(x;t)≃π2T0ℜeˊ(eiωte−(1+i)x2a2ω∫0∞e−(ξ−ξα)2dξ)
Question 8
Démontrer, sous l'hypothèse des temps suffisamment longs, que la température dans le milieux semi-infini est donnée, ∀t⩾0 par l'expression suivante : y(x;t)≃T0e−x2a2ωcos(ωt−x2a2ω)
Correction
On a : y(x;t)≃π2T0ℜeˊ(eiωte−(1+i)x2a2ωI) D'après le sujet, on sait que I=2π, ce qui nous permet d'écrire que : y(x;t)≃π2T0ℜeˊ(eiωte−(1+i)x2a2ω2π) Soit : y(x;t)≃T0ℜeˊ(eiωte−x2a2ωe−ix2a2ω) Ou encore : y(x;t)≃T0e−x2a2ωℜeˊ(eiωte−ix2a2ω) En associant les deux exponentielles complexes entre-elles, on trouve que : y(x;t)≃T0e−x2a2ωℜeˊ(eiωt−ix2a2ω) En factorisant par i dans l'exponentielle complexe, on obtient : y(x;t)≃T0e−x2a2ωℜeˊ(<br/>ei(ωt−x2a2ω)) Or, ∀X∈R, on a ℜeˊeˊ(eiX)=ℜeˊ(cos(X)+isin(X))=cos(X). Ainsi, on trouve finalement que : y(x;t)≃T0e−x2a2ωcos(ωt−x2a2ω)
Question 9
En déduire une distance caractéristique, notée dc, de ce phénomène de propagation d'ondes thermiques.
Correction
Le terme cos(ωt−x2a2ω) est sans dimension, ce qui implique nécessairement que son argument ωt−x2a2ω l'est aussi. Donc le terme x2a2ω est aussi sans dimension. Comme x est une longueur alors 2a2ω représente l'inverse d'une longueur. C'est donc l'inverse d'une distance caractéristique du phénomène de propagation thermique. On a alors : dc=ω2a2⟺dc=aω2 Onappelledclalongueurdepeˊneˊtrationdesondesthermiques.
Question 10
En déduire un temps caractéristique, noté tc, de ce phénomène de propagation d'ondes thermiques.
Correction
De la même manière, le terme ωt est sans dimension. Ce qui signifie que ω à les dimensions de l'inverse d'un temps. Ainsi son inverse représente un temps caractéristique du phénomène de propagation thermique. On a alors : tc=ω1 Ce qui implique que : y(x;t)≃T0e−dcxcos(tct−dcx)
Question 11
En déduire une vitesse caractéristique, notée vc, de ce phénomène de propagation d'ondes thermiques.
Correction
Pour déduire une vitesse caractéristique, notée vc, de ce phénomène, on écrit simplement que : dc=vctc⟺aω2=vcω1⟺aωω2=vc Finalement, on trouve que : vc=a2ω ♣ Remarque : La température de l'air extérieur dans la plupart des pays européens peut varier de −20∘C à +40∘C tout au long de l'année, alors que la température du sol à quelques mètres de profondeur reste plus stable, entre 5 et 15∘C en moyenne. Les solutions trouvées dans cet exercice permette de modéliser ce phénomène. L'accord entre les relevés de température en profondeur à différentes périodes de l'année sont en parfait accord avec les prédictions théoriques. Ceci nous permet d'obtenir :
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